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Essai Description : Cimetiere

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Mon cimetière

Ma tombe. Douce pierre froide, grise, en marbre, mais parsemée de tâches blanches et noires. Elle est depuis longtemps abandonnée, laissée pour compte au milieu du cimetière. Les cadavres y sont entassés, plus vieux les uns que les autres. Les nouveaux arrivants n'y trouvent plus le confort d'antan, juste assez de place pour leurs quatre planches de bois. On y traîne les pieds, et l'on pourrait presque y sentir le goût amer des larmes, ainsi que le parfums des fleurs fânées, qui avec leurs pétales ont emportées le délicieux temps des arrogants encore vivants. Les gens se sont succèdés. On en a tirait de là, pour les remplacer, puis le cimetière a grandit, fleurit, puis fâné. La ville a été déserté, doucement et sûrement. Le moulin a fermé, et il ne tourne plus. Les vieilles pousses dans les champs ont comme leur propriétaire pourries, jusqu'à finir à une masse informe, une sorte de forêt de mauvaises herbes.

Qui suis-je, moi ? Peut être l'un de ses cadavres pourris, ou l'une de ces fleurs fânées. Je suis la dernière d'ici, celle qui garde les tombes fermées et qui protège les derniers bijoux des défunts. On ne vient plus ici, alors je ne garde plus rien. Je ne fais plus que longer les allées, vastes et vides, regardant avec pitié les croix décharnées, penchées et cassées.

Ma tombe est bien loin, entourée de petits galets blancs. Je ne me rappelle que de ça, mon nom a été l'un de mes souvenirs qu'à emporté le vent. Aussi, seule la pierre me le rappeller : Mahaut d'Artois. Car c'est ainsi qu'on me nommait. Je ne me rappelle pas de ma vie, les méandres du temps ont éffacés en moi tout ce qui le temps a retirer au moulin : tout. Je n'ai ni souvenirs, ni conscience, ni corps. Je ne suis qu'une masse informe, droite, légère et prisonnière de ces tombes. Jadis, je me rappelle encore de celà, les gens venaient ici, et pour le peu qu'il venait, personne n'était heureux, et il y avait de quoi. On enterré et disait adieu en ces lieux, jamais d'en revoir : on mourrait ici. Les gens, à l'époque victorienne, attachés l'index à un fils qui aurait pu faire battre le battant d'une clochette à l'extérieur si le corps n'avait pas donner son dernier soupire. Mais, de ma vie, je ne me rappelle pa avoir entendu une seule fois une clocle sonnait, si ce n'est celle de l'Eglise du village. Il y en avait une ici aussi. Une petite, à peine plus grande qu'une chapelle. Le toit avait été emporter plusieurs fois par les hivers et sa neige blanche pesante, lourde et humide qui pourrissait les charpentes et faisaient mourrir les mites.

Un jour, la charpente lâcha, et on abandonna la petite église, et son cimetière. Les visites de chacun s'éloignèrent, peu à peu... Passa une semaine sans visite, puis deux, puis trois, puis un mois, et une année, si bien qu'au bout de deux ans, plus personne ne revint ici, et je fus seule à regarder les croix, les tombes, les fleurs et les pierres vieillirent. Seule, car c'est bien ma condition aujourd'hui. J'ai beau chanter, hurler, danser comme crier, jamais on ne vient, jamais on ne s'occupe de moi. Alors je pleure, je me lamente, je gémis et je sanglote violement... Si seulement j'en étais encore capable. J'ai beau avoir ces suffocations que donnent les pleurs, les larmes salées ne goutent pas, et pas ma peau reste intacte, blanche, douce, invisible et imprenable. Je reste là, alors, toute debout, regardant à travers les barreaux du portail, et je ne sais quelle mélancolie me prend au corps. Je pense, repense au repos qui ne m'a été permis d'avoir, et à ces rêves que je ne fais plus.

Je ne compte plus les jours et les nuits, ni même les mois et les années, je ne fais que regarder le soleil déclinait, de temps en temps, je souris à la lune, compagne fidèle de mes lamentations, et puis je parle seule, je soupire, discute de la vie, de la mort avec le reflet que m'envoit le néant. Je m'immagine, comme avant, comme sur la photo accrochée à la plaque. Une petite brune, les cheveux bien coiffés, montés sur le haut de ma tête, dont les fines mèches sont à la fin coiffés en anglaises. J'aime à imaginer cette mèche guichée fronter mon front dès que je baisse la tête, tête gracieuse et aux traits charmants. Le temps n'a pas d'effet sur les morts et les cadavres, alors ais-je peut être encore garder cet élégant corps, merveilleusement dessiné, comme l'une de ces Duchesses que l'on aime courtiser. Mais personne ne vient me demander ma main, ni même danser. Ici, ni violon ni piano ne joue, seule ma fois me distrait. Je chantonne des airs familiers, du classique, du beau, du calme.

Les corbeaux se mêlent à ma langueur fantastique, ils claquent du bec pour donner le temps, et de leur plumage bat la mesure et donne le ton. Parfois, les chiens errants se mêlent au ramage, et glapissent, feulent, aboient. Certains chats s'aventurent sur les croix hautes perchées, et miaulent longuement, d'une voix que seule moi puisse entendre. Je souris, je sanglote, je chante. Puis là, je sens la lourde vérité me tomber sur les épaules, comme un poid lourd qui tombe violement sur mon coeur : je suis seule, et je le resterais.

Alors je me tapis dans l'ombre des ruines de l'eglise, avec pour compagnons corbeaux, chiens et chats, et plus rien ne fait de bruit dans la cimetière. Alors j'écoute, j'attends quelque chose de familier, et il arrive, toujours présent derrière chaque parole, chaque chants : Le silence.


M.M aka Sharleen
1O.09.07.

J'ai du lire, il y a longtemps, la Morte Amoureuse de T. Gauthier. Je ne sais pas pourquoi, j'ai voulu faire un essai. J'étais partie sur la description d'un cimetière, j'en suis arrivé à un ramassis de drôle de chose, mais qu'importe, ce n'est qu'un essaie, et j'aime plutôt bien ma description, dans le fond.

" Malheureux ! malheureux ! qu'as-tu fait ? Pourquoi as-tu écouté ce prêtre imbécile ? n'étais-tu pas heureux ? et que t'avais-je fait, pour violer ma pauvre tombe et mettre à nu les misères de mon néant ? " Clarimonde à Romuald dans la Morte Amoureuse.

Texte : M.M. aka Sharleen.
Pix : Splucy [link]

Merci de votre lecture.

Ps : La correction normalement ce Week End. Merci à Angel' qui s'est proposé pour. Marshiii !
© 2007 - 2024 Sharlenn
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